Selon le sociologue Théodore ROSZAK “ les méthodes de travail et les matériaux devraient être propres aux époques où travaillent les artistes ; les matériaux devraient à la fois façonner les concepts et être transformés par eux en retour “.
> Odile Vuillemin a besoin du contact avec la matière et il lui importe dans toute la mesure du possible, d’être responsable de son travail et de bien connaître les techniques et les matériaux afin de les subordonner à son intention; pour autant que cela ne l’entrave pas dans son expression. C’est le prix qu’elle donne à sa liberté de création.
> C’est pourquoi, avant d’inscrire son projet dans une échelle et un matériau (deux réalités en complète interdépendance ), elle se doit d’en étudier les divers aspects en y intégrant dès le départ la mise en œuvre. La force et le talent de l’artiste plasticien ne résident-ils pas aussi dans cet accomplissement ? : réussir l’adéquation entre le projet d’une part et la réalisation concrète de l’oeuvre.
> Elle réalise des maquettes, dessine des plans, des épures d’atelier et fait appel lorsque la complexité des formes ne relèvent plus seulement de la géométrie euclidienne, à des outils de CAO. Ainsi, pour obtenir les développés de sa dernière période des “Calligraphies 3D“, elle a suivi en 2011, une formation sur un logiciel surfacique. C’est désormais une compétence intégrée à son processus de création.
> Lorsqu’elle ''entre en atelier'', c’est pour la phase de réalisation. Dans la sélection des matériaux, pas de hasard : pierre, verre, céramique ou métaux (y compris les fonte en bronze, acier ou aluminium) sont parfois associés entre eux et les finitions appliquées sont porteuses de sens.
Elle travaille le métal dans d’épaisses plaques d’acier ou d’inox qu’elle découpe, roule, soude, assemble, meule,satine et poli. Lorsqu’il s’agit de dessiner dans l’espace pour ses “METALLOgraphies“, elle s’empare de barres et de tubes d’acier qu’elle scie, cintre, forme, développe, soude et fait thermo-laquer ses sculptures.
Ainsi protégées de la corrosion, les pièces peuvent exister dans l’espace extérieur et grandir pour se mettre en résonance de l’échelle du corps pour enfin se parer de couleurs et de textures symboliques.
‘’En dehors de l’atelier bois, j’ai été formée aux techniques de la céramique avec une préférence pour la plaque et le moulage. La réalisation de moules en plâtre a été une excellente introduction aux techniques d’étampage et de fonte du métal. Dans le cadre de mon métier de designer, une formation professionnelle en atelier de bijouterie m’a permise, par pure transposition d'échelle des matériaux et des outils, d’accéder directement à la réalisation de mes sculptures en atelier de métallerie. J'ai d'abord retrouvé un travail à la plaque en roulage, puis expérimenté le fil. Pour la mise en forme de mes ''Calligraphies 3D'', je cintre de longs tubes d'acier auxquels je donne du volume, avant de les souder.
Fille d’une lignée ,toujours en activité, de 5 générations d’artisans travaillant le bois et le métal ; architecte et bâtisseuse dans l’âme, je me sens profondément sculpteur. J’éprouve ce besoin de concrétiser mes projections mentales, de les incarner dans la matière. Le travail d'atelier me plaît et je possède une grande curiosité pour toutes les techniques. J'aime les découvrir, me les approprier, pour mieux les détourner parfois, au service de mes créations.
Très modestement, je me sens inscrite dans cette longue tradition d’hommes et de femmes qui avec une ingéniosité sans faille ont toujours su inventer les outils et créer les machines (jusqu'à l'informatique) qui leur étaient nécessaires. Je leur dois beaucoup, leurs inventions sont le prolongement de ma main et de ma pensée ''.
ODILE VUILLEMIN
SCULPTURE
Travail d'atelier et Matériaux
" L’art n’est pas la technique (qui doit toujours se faire oublier) il est de l'émotion ou de la pensée capturée dans une forme ".
Sylviane DUPUIS