ODILE VUILLEMIN
SCULPTURE

Langages & styles

“ ... Contempler le monde, avec les yeux de son esprit. “

Auguste RODIN

> Les créations naissent d’expériences vécues, d’émotions ressenties, d’observations ou de ‘’ concepts stylisés’’, ‘’mis en formes’’ dans de multiples dessins et projets préparatoires. Pour elle sculpter c’est avant tout ‘’projeter sa conscience du monde''.

L’œuvre d’Odile Vuillemin mérite toute notre attention car elle possède une écriture plastique véritablement originale. Avec une créativité remarquable, elle a su auparavant, dans le flux des techniques et des matériaux qu’elle a faits siens (la céramique, la pierre ainsi que de nombreuses techniques du métal), renouveller ses formes à plusieurs reprises. Elle parle d’ailleurs de ‘’mise au monde’’ pour ses sculptures.

> Son inspiration est sous-tendue par des thématiques récurrentes qu’elle déroule insensiblement, au fil du temps. Elles s’imbriquent souvent l’une dans l’autre et portent sur :

Le travail sur la lumière, “ le paysage architectural “, “ l‘architecture du hasard “, le temps déployé dans l’espace, le parcours physique et mental du spectateur, les notions de “ micro-monumentalité“ et d’échelle, plus récemment sur la calligraphie dans l’espace.

> Les ‘’lieux’’ qu’elle crée tout d’abord ne sont pas sans rapport avec l’architecture. Il y est souvent question d’ouvertures et de passages. Elle porte un intérêt tout particulier à la déambulation dans l’espace et au cheminement effectué par le spectateur.

Certains détails particuliers sont parfois réinterprétés en lightmotifs, d’une sculpture à l’autre : la virgule, le plein et le délié, la boucle... Pourtant, au-delà des familles de formes, ce qui caractérise le travail d’Odile Vuillemin se joue sur d’autres notions, à la fois plus globales et plus subtiles. Dans presque toutes ses œuvres on rencontre certains effets de perspective qui sont utilisés avec une grande maîtrise. Ils confèrent à son travail un aspect de ‘’micro-monumentalité’’ bien particulier. Ainsi, c‘est le spectateur dans sa propre dimension, qui donnera une échelle physique ou mentale à l’œuvre. Le rapport entre les pleins et les vides, les masses et les lignes est très travaillé et se proportionne jusque dans l’épaisseur du matériau.

> Dans sa première période, les sculptures architecturales à la plaque et en céramique, sont construites par plans rectilignes découpés et assemblés. Ses volumes facettés, ouverts ou fermés instaurent un véritable dialogue avec la lumière.

> Avec l’introduction du métal, on voit les plaques se courber et les formes s’adoucir. La structure primaire des pièces est inscrite dans des géométries abstraites qui se jouent de la symétrie. D’autres topologies apparaissent : le rond, la sinusoïde, la spirale, l’ellipse...

> Généralement, les sculptures sont constituées de plusieurs éléments aux formes sobres, raffinées, puissantes qui “s’installent “ par assemblage ou juxtaposition sur des socles appropriés ou directement au sol.

L’ensemble, sans jamais se départir de la forme et de la force du projet initial, peut devenir intellectuellement, sensiblement et plastiquement d’une complexité très réjouissante mettant à mal toutes les évidences!

On peut enfin noter la place privilégiée qui est donnée à l’éclairage. Naturel ou artificiel, il se rend complice de tout un pannel de jeux de lumières délicats sur les formes et leurs ombres portées.

> Odile Vuillemin explore les relations entre la sculpture et l’architecture - entre l’espace réel et l’espace virtuel - entre le bijou, considéré comme sculptures portables et les “ Bijoux De Maison “, considérés comme des installations architecturales. Elle passe également du design d’objets à des “sculptures de table“ ou “ objets à réactions poétiques“ comme se plaisait à les nommer Le Corbusier.

Il lui plait d’explorer et d’interroger les frontières entre les disciplines, d’en établir les correspondances à plusieurs niveau. Car toutes, bienqu’existantes à des échelles différentes, sont rattachées au travail de l’espace. Dans tous les cas, les travaux d’Odile Vuillemin font montre d’une parfaite adéquation entre les images qui sont portées et leurs extériorisations.

> Ses derniers travaux concernent sous plusieurs formes, les “Calligraphies dans l’espace“. C’est le geste de l’écrit, matérialisé dans l’espace qui l’intéresse. De l’espace plat à 2 dimensions à l’espace en 3D ; elle explore les passages et les possibilités de conversions opérables entre ces mondes. La 4ème dimension, le temps, est exprimée par la lumière ou encore par “ l’ordre de lecture “ de la pièce.